Jean Chrysostome (349-407) peut sembler bien éloigné de nous : par son époque, par sa situation géographique - Antioche puis Constantinople - par sa langue et sa culture helléniques. Pourtant, les accents de ses homélies comme de ses lettres sont susceptibles de toucher le coeur des hommes du XXIe siècle. Pasteur conscient de ses propres limites, il remet en cause notre confiance démesurée en nos seules forces devant les mystères d'un dieu qui ne sera jamais un pur objet de discussions intellectuelles, non moins que devant l'absurdité des malheurs humains. Il ébranle tout autant notre conscience d'une prétendue supériorité que nous vaudraient nos qualités morales. Jean est un pourfendeur de nos illusions qui nous chasse de nos confortables installations. Mais il nous ouvre ainsi l'immense horizon d'une espérance inouïe dans le Christ, figure insurpassable de l'amour humble et humilié. Et c'est à cause de cet amour que Jean se montre proche de tous ses frères en humanité dans leurs diverses pauvretés et fragilités, où nous retrouvons sans peine, à tant de siècles de distance, celles de notre monde et de nous-mêmes.
Numéro interne: B-049