par p. Laurent, 03/11/2024.

Je souhaiterai relever brièvement deux éléments à partir de cette parabole.

Nous sommes tous dépositaires de dons de Dieu. Nous sommes donc tous profondément concernés par l’Evangile de ce jour. Nous tous ici présent, nous avons un don au moins que nous avons en commun, un don qui nous rassemblent ici tous les dimanches. Nous sommes tous, les uns et les autres, chacun à sa mesure, dépositaires du don de la foi. Et c’est certainement le don le plus riche qui nous est accordé, car il nous ouvre à une perspective unique : « Celui qui croit en moi, vivra, même s’il meurt. » et encore, « Celui qui croit en moi sera sauvé. ». Si nous laissons de côté une approche sociale de cette parabole, et que nous la lisons avec comme fil rouge le don de la foi, alors je crois que nous pouvons comprendre non seulement la grande promesse de la foi mais également la grande responsabilité que nous portons par ce don de la foi. Pouvons-nous ainsi, à la lecture de cette parabole, nous imaginer partager ensemble, chaque dimanche, le repas eucharistique, et en même temps rester indifférents face à nos frères et sœurs qui vivent éloignés et/ou ignorants de la foi en la Sainte Trinité, en Jésus Christ, en l’Eglise ? Pouvons-nous, à la lecture de cette parabole, nous sentir à l’abri dans l’enceinte de l’Eglise en pensant ainsi sécuriser notre Salut, si en même temps nous nous détournons du reste de la Création ? Lazare n’est-il pas là, aux portes de l’Eglise, à ne pas pouvoir goûter au Pain céleste, car nous tenons la porte fermée ?

Comment pouvons-nous justement tenir ouverte la porte de l’Eglise ?

Il n’est bien évidemment pas question de prosélytisme. Il est question de rayonnement, il est question de témoigner avec authenticité. Nous pouvons voire à travers l’expérience de l’Eglise comment un seul saint peut amener des milliers de personnes à se tourner vers le Christ. C’est par la sainteté de notre vie, c’est par un combat difficile et constant, c’est par la recherche sincère de la sainteté que nous pouvons devenir des témoins rayonnants et utile de l’Evangile. Bien évidemment, nous ne pouvons pas de nous-mêmes, avec nos propres forces, imiter les saints, mais les petites choses que nous pouvons faire, nos prières mêmes balbutiantes, nos gestes de bienveillance, de patience, de miséricorde, d’attention, d’encouragement, sont tous des petites pierres à l’édifice de l’Eglise. Ne cherchons pas à condamner, que ce soit en paroles ou en pensées, ceux qui croient autrement que nous, mais cherchons plutôt à les amener vers l’Eglise par le témoignage de notre vie.

Nous ne pouvons donc pas nous isoler spirituellement du reste de l’humanité et la Création. N’oublions jamais que le Christ s’est incarné pour le Salut de tous, pour réconcilier toute l’humanité ainsi que toute la Création. C’est cela, il me semble, un des enseignements de cette parabole.

Je voudrai aussi m’arrêter à un second point à partir de la parabole. Abraham dit au riche « De plus, il y a un profond abîme entre vous et nous ; ainsi, ceux qui voudraient passer d’ici vers vous ne le peuvent pas et l’on ne peut pas non plus parvenir jusqu’à nous de là où tu es. ». C’est une parole terrifiante, nous sachants pécheurs et tellement lents au repentir. Et pourtant, nous ne pouvons pas nous décourager, et ceci pour au moins deux raisons. Nous devons d’une part garder la foi en la miséricorde incommensurable de Dieu, – Dieu agit où nous ne le pouvons pas -, et d’autre part nous ne devons pas oublier la prière de l’Eglise pour les défunts. « Je vous déclare aussi que si deux d’entre vous, sur la terre, se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, mon Père qui est dans les cieux le leur donnera. Car là où deux ou trois s’assemblent en mon nom, je suis au milieu d’eux. ». Pour citer Saint Athanase Sakharov, par la prière de l’Eglise « nous espérons que le Seigneur manifeste Sa miséricorde pour ceux qui, tout en ayant péché, n’ont pas renoncé à Lui, ceux qui ont cru sans douter au Père au Fils et au Saint-Esprit, au Dieu glorifié dans la Trinité, … ». Nous devons ainsi tous, en tant que membre du Corps de Christ, participer à cette prière qui est un acte de grande charité. Amen