Archiprêtre Dr. Georgios Lekkas
La foi en Christ n’est pas simplement une certitude intellectuelle concernant la Divine Hypostase de notre Seigneur Jésus-Christ. La certitude intellectuelle concernant les deux parfaites natures du Seigneur Jésus-Christ n’est qu’une dimension du fait holistique que constitue la foi en Lui.
En effet, la foi en Christ est un degré d’ouverture aux énergies créatrices du Dieu Trinitaire qui visent à la vie éternelle de l’homme et du monde. Et parce que Dieu est Amour, du degré de notre foi en Lui dépend notre disponibilité à l’Amour divin, qui nous réclame entièrement dès le premier instant de la création de l’homme. Ainsi, plus notre foi en Dieu est grande, plus l’Amour que nous recevons de Lui de manière palpable est grand.
La caractéristique de l’Amour Divin est qu’il veut atteindre, si possible, également parfaitement tous les êtres humains. Contrairement à toutes sortes d’énergies créées, qui se dépensent au fur et à mesure qu’elles sont distribuées, l’Amour Divin ne se dissipe pas lors de sa distribution, de sorte qu’il semble augmenter, plutôt que diminuer, au fur et à mesure qu’il est communiqué. C’est pourquoi, contrairement à l’homme riche qui craint – à juste titre – que les pauvres empiètent sur ses richesses matérielles, l’homme riche, dans l’amour divin, peut donner même sa vie pour que tous puissent connaître l’amour de Dieu.
Tout comme la relation entre la Foi et l’Amour divin est organique, la relation entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain l’est aussi, car ce dernier [= l’amour du prochain] dépend du premier [= l’amour de Dieu]. La foi en Christ nous rend réceptifs aux énergies incréées de l’Amour Divin qui, en nous permettant d’aimer Dieu, reviennent à leur Source qu’est Dieu lui-même. En effet, plus nous permettons aux énergies incréées de l’Amour Divin de retourner à leur Source, plus elles veulent faire de nous leur moyen afin de pouvoir continuer à s’offrir et à travers chacun d’entre nous à notre prochain et au monde entier tout en restant essentiellement inépuisables. C’est pourquoi nous voyons des Saints de notre Eglise se dépenser par amour pour Dieu, par exemple dans l’hospitalité des frères et sœurs, et leur effort être récompensé par un amour encore plus grand envers Dieu.
Aimer son prochain comme s’il était soi-même est impossible sur le plan humain. Ce n’est que lorsque l’homme commence à devenir réceptif de l’amour divin, qu’il le réalise ou non, qu’il commence à comprendre l’autre comme une partie intégrante de lui-même, sans laquelle il est incomplet. Dans la Tradition Orthodoxe, le travail social qui n’est pas fait par un débordement d’amour divin pour Dieu est aussi vaniteux qu’une prière sans concentration et sans attention. L’apôtre Paul n’a pas cessé de mendier pour les « besoins » des frères, mais il est impensable pour lui que quelqu’un offre quelque chose si ce n’est pas le résultat de l’amour pour les autres que seul Dieu nous donne.
Les « bonnes œuvres » (Mt. V, 14ss.) accomplies par devoir moral et non pas par l’amour que Dieu nous donne pour notre prochain, ne font qu’augmenter l’ego de ceux qui les pratiquent en suscitant nécessairement l’antagonisme de tous ceux qui les acceptent. Tout au contraire, celui qui fait du bien à son prochain par amour divin ne le fait que pour la glorification du nom de Dieu, car toute louange que son frère adresse à Dieu est comme si elle était adressée par lui-même.
Dimanche des Pères Théophores du 4ème Concile Œcuménique, 14.7.24.