Par l’Archiprêtre Dr. Georgios Lekkas.
Dieu a envoyé son Fils dans le monde pour que chacun d’entre nous puisse devenir un enfant de Dieu (Gal. III, 23 ss.). L’adoption de chacun de nous par le Père céleste dépend donc de notre union avec son Fils. Le Christ invite chacun d’entre nous à Le rejoindre. Cette invitation consiste tout d’abord à Le suivre en respectant Ses commandements, comme l’ont fait tout d’abord Ses Disciples (Matt. IV, 18 ss.).
En gardant les commandements du Christ, nous devenons de plus en plus convaincus qu’Il est le Fils de Dieu et nous sommes ainsi promus de foi en foi. La foi n’est pas quelque chose que l’on a ou que l’on n’a pas, c’est une échelle d’ouverture au Mystère du Dieu-Homme qu’est le Christ, avec des degrés allant du un à l’infini.
Les Apôtres ont vécu des années auprès du Christ et leur foi a grandi lentement, s’est consolidée comme un don d’en haut le jour de la Pentecôte et a continué à grandir en eux par l’Esprit Saint tout au long de leur vie.
En gardant les commandements du Christ, notre foi en Lui augmente chaque jour, parce que nous voyons qu’en faisant ce qu’Il nous a dit de faire, c’est-à-dire aimer Dieu et notre prochain, nous nous débarrassons un peu plus chaque jour du « vieil homme », que nous avons l’habitude de recréer en nous-mêmes après notre baptême d’enfant.
Le rejet du « vieil homme » est pour la plupart d’entre nous un processus long et douloureux, pour la raison que le respect des commandements du Christ est généralement un processus marqué par des retours en arrière sans cesse. En d’autres termes, plus nous avons du mal à nous détacher de l’esprit de ce monde, plus notre élan vers Dieu devient un motif de souffrance supplémentaire.
Dieu nous corrige en nous laissant la liberté de refuser Son appel ou d’y répondre de manière inadéquate. Notre souffrance vient donc de notre résistance consciente ou inconsciente à l’œuvre de notre adoption.
Ce n’est qu’après avoir compris que le principal obstacle à son adoption par Dieu provient de lui-même que l’on commence à haïr la méchanceté que l’on a recréée en soi après son baptême d’enfant et à considérer qu’il n’y a pas de plus grand châtiment pour lui que celui que l’on pourrait recevoir de soi-même.
L’homme qui se rend compte que le plus grand danger vient de lui-même et qui lance un cri au Seigneur pour qu’Il le sauve de lui-même, permet ainsi à Dieu de le libérer du « vieil homme », de l’unir à son Christ et, à travers le Christ, de faire de lui un de ses enfants.
Pour la plupart d’entre nous, jusqu’à la fin de notre vie, la joie de notre union avec le Seigneur continuera à dépendre de l’intensité de notre repentir pour nos retours en arrière dans notre cheminement spirituel. Au contraire, l’arrêt complet de la souffrance constitue, selon la Tradition Orthodoxe, ce que l’on appelle » apatheia » (= absence de passions), réservée à un petit nombre de personnes et résulte d’une union si forte avec le Christ que rien ne saurait la freiner.
Les Disciples du Seigneur ont réalisé leur union avec le Christ et sont donc devenus enfants de Dieu par la descente de l’Esprit Saint le jour de la Pentecôte. Dès lors, l’itinéraire spirituel qui commence par le respect des commandements du Christ et la foi en Lui, conduit à l’union avec Lui et à l’adoption de chacun de nous de la part de Dieu le Père par le Sacrement de l’Eucharistie et tous les autres Sacrements de l’Église sans exception, qui sont tous gérés par l’Esprit Saint. Le croyant, qui avec la Grace de Dieu voit s’activer sur lui les dons de l’Esprit Saint reçus lors du Sacrement de la Chrismation, se rend compte, dans la crainte et l’amour, qu’il a déjà commencé à s’unir au Christ et à recevoir l’esprit de l’adoption. Amen.
Dimanche Matthieu II, 7.7.24.