Ce dimanche nous avons lu une homélie du Métropolite Hierotheos de Nafpaktos.
(Librement traduit de l’anglais)
En ce deuxième dimanche de jeûne, l’Église a décidé de célébrer la mémoire de saint Grégoire Palamas, en prolongement du dimanche de l’orthodoxie. En effet, nous entendons aujourd’hui comme un écho de dimanche dernier, saint Grégoire étant un digne fils de l’Église, un saint qui a contribué au triomphe de l’orthodoxie à une époque difficile.
Saint Grégoire Palamas, grand hésychaste, archevêque de Thessalonique, en exprimant l’expérience de tous les saints Pères, a combattu le rationalisme du XIVe siècle et a protégé la foi orthodoxe du danger de l’agnosticisme et du panthéisme. Il a exprimé la vérité fondamentale de l’Église à propos du mystère de la division indivisible de l’essence et de l’énergie de Dieu.
Cet enseignement reste très actuel, car d’une part ils sont nombreux ceux qui ignorent personnellement l’énergie de Dieu, et ainsi ils la confondent avec quelque chose de créé. D’autre part il y a ceux qui parlent de manière intellectuelle, abstraite de ces grandes questions de la foi.
Pour honorer la mémoire de ce grand Père de l’Église, nous présenterons l’interprétation qu’il fait de deux points du passage de l’Évangile d’aujourd’hui, c’est à dire de la guérison du paralytique de Capharnaüm. Ils sont tirés d’une homélie que le saint prononça devant ses fidèles.
Nous devons tout d’abord souligner la grande importance de l’interprétation patristique des Saintes Écritures. Selon l’enseignement orthodoxe, la Révélation n’est pas synonyme de (ou ne se réduit pas à la) l’Écriture Sainte. Les orthodoxes croient que l’Écriture Sainte n’est pas la Pentecôte. La Pentecôte, ce sont les saints, et la parole des saints, c’est la parole sur la Pentecôte. Ainsi, ceux qui ont en eux l’énergie sanctifiante de la grâce divine peuvent comprendre les paroles révélatrices des prophètes, des apôtres et des saints qui ont suivi. Ces derniers sont les interprètes infaillibles des Saintes Écritures, car ils ont atteint l’illumination de l’intellect.
La meilleure approche « scientifique » de l’Écriture Sainte est donc celle des saints. Chaque phrase de la Bible possède un « pouvoir spirituel caché », qui est perçu par celui qui a l’Esprit Saint. L’interprétation de l’Écriture Sainte n’est pas seulement une question de grammaire, de connaissances philologiques ou d’histoire, mais surtout de vision de Dieu. L’intellect du saint est purifié, illuminé et voit clairement toute la profondeur de chaque phrase. Selon saint Isaac, ceux qui, illuminés par la grâce divine, sont conduits à la perfection de la vie, ont toujours l’impression qu’un rayon imaginaire traverse les versets de ce qui est écrit et sépare, avec une connaissance spirituelle, le sens des mots subtils des choses dites. C’est pourquoi il a été dit que même si tous les livres de l’Ecriture Sainte et les écrits patristiques sont perdus, il y a des Pères qui peuvent les réécrire, puisque la vie n’est pas perdue.
Cela explique pourquoi saint Grégoire Palamas a été accusé par certains de ses contemporains d’être un théologien conservateur et par d’autres d’être un moderniste. Cela s’est produit parce qu’ayant l’Esprit Saint, tout en étant un Père de l’Église, il s’est apparenté en esprit à tous les Saints Pères, exprimant la volonté de Dieu à l’époque spécifique dans laquelle il vivait.
Mais il est temps d’examiner les deux points d’interprétation de la lecture d’aujourd’hui faits par le Saint-Père.
L’évangéliste raconte que le Seigneur se trouvait dans une maison de Capharnaüm. « Aussitôt, beaucoup se rassemblèrent, de sorte qu’il n’y avait plus de place pour les recevoir, pas même près de la porte. Saint Grégoire interprète que tous écoutaient le Christ, mais que tous n’obéissaient pas. Ainsi, nous aimons tous entendre et voir, mais nous n’aimons pas la vertu. Nous voulons tous apprendre le salut, c’est pourquoi la plupart d’entre nous n’aiment pas seulement écouter les enseignements sacrés, mais aussi « aimer les mots ». Cette observation est remarquable. Il y a beaucoup de chrétiens pieux qui désirent entendre la parole de Dieu, connaître la voie de leur salut et les diverses vérités théologiques, mais ils ne s’efforcent pas de faire fructifier en eux la parole de Dieu.
À notre époque, il existe une mentalité qui consiste à écouter l’analyse des textes patristiques et à parler de théologie, mais en même temps, nous avons du mal à garder la parole de Dieu, à respecter les commandements. Dans la pratique, nous sommes complètement démunis face à une situation difficile. Alors, à quoi bon avoir des connaissances sur la vie chrétienne si, dans la pratique, nous sommes très pauvres ? Saint Maxime dit que la connaissance sans la pratique est la théologie des démons. Il faut lutter pour garder les commandements et passer ainsi à la vision de la Parole et ne pas rester bloqué dans l’écoute de la Parole. Nous devons aimer la vertu et ne pas nous contenter d’écouter et de voir.
Le paralytique « porté par quatre hommes » arrive à la maison où le Christ enseigne. Comme la foule était nombreuse, ils le hissent sur le toit, « découvrent le toit » et descendent le paralytique avec son lit devant le Christ, qui lui donne la guérison et la thérapie de son âme et de son corps.
Saint Grégoire harmonise cet acte avec le traitement de l’âme paralysée. Quiconque est proche des plaisirs est paralysé dans l’âme, couchée sur le lit de la luxure et du confort charnel. L’âme est paralysée, coincée dans un corps qui sert les plaisirs. L’âme paralysée a besoin de revenir au Christ pour être guérie. Elle est aidée par quatre facteurs, à savoir les reproches, la confession, la promesse de s’abstenir du mal et la supplication à Dieu. Ces facteurs sont nécessaires pour découvrir le toit. Le toit est la partie rationnelle de l’âme, qui est chargée de matériaux provenant de l’attachement aux choses terrestres et aux passions et qui séparent l’âme du Christ. Lorsque les pensées sont purifiées, nous pouvons nous humilier, nous approcher et nous prosterner devant le Christ. Immédiatement, l’intellect paralysé entend le mot le plus doux « enfant » et reçoit le pardon des péchés. Il faut aussi de la force pour soulever le lit. C’est-à-dire que l’intellect sain conduit et dirige le corps vers les œuvres de repentance et n’est pas dirigé par lui, comme c’était le cas auparavant. C’est ainsi que l’homme est ressuscité et vit la vie en Christ.
Ces quelques éléments nous montrent que pour étudier l’Écriture Sainte, nous devons nécessairement être guidés par les Saints Pères anciens et modernes. Nous devons la lire dans le contexte de l’Église. C’est alors que la lecture enflammera le désir de communion avec le Christ et que l’âme ressuscitera de sa mort.
Amen