Chers frères et sœurs,

Dans le premier livre des Rois nous lisons le récit du prophète Elie qui, par force de Dieu, ramène un fils unique à la vie. A l’écoute de la parole de Dieu et pendant une longue période où il n’y a ‘ni rosée ni pluie’ selon la volonté de Dieu, Elie va habiter à Sarepta, où une veuve a reçu l’ordre du Seigneur de ravitailler Elie. Mais la veuve, en première instance, résiste à donner du pain à Elie, disant : « Par la vie du Seigneur ton Dieu ! Je n’ai rien de prêt, j’ai tout juste une poignée de farine dans la cruche et un petit peu d’huile dans la jarre : quand j’aurai ramassé quelques morceaux de bois, je rentrerai et je préparerai ces aliments pour moi et mon fils ; nous les mangerons et puis nous mourrons. » Elle parle ainsi car cela fait longtemps qu’il n’a plus plu, la famine s’est installée, et elle n’avait pas confiance en le Seigneur d’Elie. Si elle partage son peu de farine, encore plus vite son fils et elle mourront de faim. Elie l’invite à tout de même bien lui accorder une petite part, une petite galette, car « ainsi parle le Seigneur, le Dieu d’Israël : Cruche de farine ne se videra, jarre d’huile ne désemplira pas, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie à la surface du sol. » Et après avoir partagé son peu de farine, il advient selon la parole du Seigneur, « la cruche de farine ne tarit pas, et la jarre d’huile ne désemplit pas ». Mais quelques temps plus tard le fils de la femme tombe malade et vient à mourir. « Qu’y a-t-il entre moi et toi, homme de Dieu ? Tu es venu chez moi pour rappeler ma faute et faire mourir mon fils. ». Après supplication d’Elie à l’adresse du Seigneur, le fils retrouve la vie, après quoi la femme dit à Elie : « Oui, maintenant, je sais que tu es un homme de Dieu, et que la parole du Seigneur est vraiment dans ta bouche. » Nous retrouvons dans l’évangile de ce jour une exclamation similaire :  » Un grand prophète s’est levé parmi nous et Dieu a visité son peuple. »

La femme dans l’Ancien Testament, le peuple dans le Nouveau Testament, reconnaissent la présence et la miséricorde de Dieu à travers le miracle de la résurrection. Sa miséricorde est non seulement infiniment plus grande que nous ne pouvons le comprendre, elle suit une intelligence qui passe outre notre discernement. Rien dans le péricope nous indique que la mère de Naîm était particulièrement pieuse ou qu’il y avait une raison particulière pour que le Christ s’intéresse à elle. Il n’est pas fait mention de profession de foi ou de retournement de son cœur. Elle n’était certainement pas la seule à être en deuil d’un fils unique. Il n’y a pourtant rien de fortuit dans cette rencontre, elle suit le dessein particulier de Dieu. A la guérison de l’aveugle né, le Christ répond à ses disciples, à la question de savoir ‘qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle’, qu’il en est ainsi ‘pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui’. Le péricope de ce jour est une manifestation des œuvres de Dieu au plus grand nombre. En ramenant des hommes de la mort physique à la vie physique, le Christ s’adresse à tous les hommes à travers les siècles. Il nous montre que la mort physique et spirituelle le rend triste et qu’Il veut nous en sauver. Il nous montre qu’une vie sans foi en Dieu va à la mort. Il nous montre que Sa seule Parole, un simple touché de Sa part, suffit pour vaincre cette mort. A la seule condition de notre foi. Sa faiblesse c’est notre liberté. Le chemin vers le Salut c’est notre confiance en Dieu.

Avec attention nous devons travailler à faire bon usage des moments de grâces et des moments d’abandon. Il n’est pas sans raison que les saints rendent aussi grâce pour les moments d’afflictions. Quand Il pose son regard sur nous, ou quand Il détourne son regard pour nous faire sentir la perte de grâce, c’est dans l’unique but de nous amener nous-mêmes et nos prochains à nous tourner vers Lui, à avoir confiance en Lui. Si j’ai choisi de mettre en parallèle le passage du livre des Rois à côté du péricope de ce jour, c’est justement pour accentuer cette réalité. Dans le livre des Rois nous pouvons voir une suite d’interventions divines. Il y a d’abord la sécheresse généralisée, qui est tolérée par Dieu comme un rappel au peuple. Il y a ensuite l’invitation personnelle pour la veuve, en quelques mouvements. Dans les premiers actes elle n’a pas vraiment foi en le Dieu d’Élie, à la mort de son fils elle oublie même la promesse faite et réalisée concernant ses besoins alimentaires. Seulement après le retour à la vie de son fils, le Seigneur d’Elie devient aussi son Dieu. Le Seigneur veut nous montrer ainsi que ce ne sont pas nos préoccupations terrestres qui vont nous sauver, mais seulement notre confiance en Lui.

Que notre Seigneur nous accorde de comprendre et éprouver Sa présence.

Amen