En ce dimanche, le troisième dimanche de Carême , nous célébrons la vénération de la précieuse et vivifiante croix, et, pour cette raison, puisque durant le jeûne quadragésimal, nous sommes en quelque sorte crucifiés nous-mêmes en mourant aux passions, et que nous ressentons un goût amer, que nous sommes dégoûtés et abattus, voici que s’offre à nous la croix précieuse et vivifiante, comme pour nous rafraîchir et nous encourager en nous rappelant la Passion de notre Seigneur Jésus Christ. Comme ceux qui parcourent une longue route rocailleuse et sont fatigués par l’effort : rencontrent-ils un arbre dont le feuillage donne une ombre généreuse, ils s’asseyent un peu pour se reposer puis, comme rajeunis, poursuivent le reste de leur route. Ainsi, maintenant, en ce temps de jeûne, sur cette route pénible et étroite, la croix vivifiante fut plantée au milieu par les saints Pères, pour nous procurer repos et rafraîchissement, pour rendre les fatigués légers et alertes en vue de l’effort qui va suivre ; ou, pour donner un autre exemple, il en est comme la venue du roi : son drapeau et ses emblèmes le précèdent, puis il vient lui-même. De même, notre Seigneur Jésus Christ qui doit bientôt nous manifester sa victoire sur la mort en venir avec gloire, au jour de la Résurrection, nous a-t-il envoyé à l’avance son sceptre, l’emblème royal, la croix vivifiante, qui nous a remplis, autant que cela nous est possible, de joie et de rafraîchissement, et nous prêts à recevoir bientôt le Roi lui-même et à célébrer hautement son triomphe. Cela, en cette semaine de centrale du saint Carême, parce que le saint Carême est semblable à la source de Mara, du fait de la contrition et du fait de l’amertume et de l’acédie qui nous envahissent par le jeûne. Mais le Christ nous réconforte, nous qui cheminons pour ainsi dire dans le désert, jusqu’à ce qu’il nous fasse monter à Jérusalem spirituelle pour sa propre Résurrection. Puisque la croix est appelée l’Arbre de Vie, et l’est vraiment, et que cet Arbre avait été planté au milieu du Paradis de l’Eden, les divins Pères ont planté l’Arbre de la Croix au milieu du saint Carême tout à la fois pour nous rappeler la convoitise d’Adam et sa réparation par le Bois que voici. Car nous avons part à cet Arbre, nous ne mourons plus, mais nous vivons… »
Extrait du Synaxaire – source : Alexandre Schmemann, Le Grand Carême, Spiritualité orientale, Abbaye de Bellefontaine, 1974.