Il y a des enfants de Dieu qui le sont par nature et par comportement et il y a des enfants de Dieu qui le sont par nature, mais qui sont ses serviteurs selon leur comportement vis-à-vis de Lui. L’enfant de Dieu, par nature et selon son comportement, est le petit-fils de la parabole du prodigue en retournant chez son père, tandis que son frère aîné, bien que par nature enfant du même père, se comporte en réalité comme son serviteur.
Le fils aîné se comporte comme un esclave parce qu’il craint son père et l’envie. Il craint son refus et ne lui demande absolument rien, et parce qu’il l’envie, il le juge injustement inadéquat pour diriger sa maison. Il peut faire mieux !
Il vit dans la même maison que son père et pourtant il lui est impossible de comprendre son amour. Il est le défenseur inflexible de la justice telle que le monde la conçoit habituellement, et il est incapable de comprendre la justice bienveillante de Dieu. Bien que son enfant, il agit comme son serviteur car il ne partage pas son amour, mais il le juge uniquement sur la base de la justice telle qu’elle est comprise par les personnes qui vivent dans la peur.
Il y a des tentations «de la gauche» et il y a des tentations «de la droite». Le jeune fils a succombé à une tentation provenant de la gauche et il est allé gaspiller sa part du patrimoine paternel. Le plus âgé, cependant, a succombé à une tentation de la droite en étant aveuglé par sa supériorité morale et en devenant l’accusateur jaloux et maussade de l’amour paternel. « Rends grâce à Dieu même pour tes péchés», m’a dit un jour le père Ananias Cousthenis, «car sans eux tu ne serais pas humilié».
L’envieux accusateur de l’amour paternel divise les gens entre les siens et les étrangers, les supérieurs et les inférieurs, les utiles et les indifférents, honore les premiers et déprécie les seconds, parce qu’il ne voit pas l’amour de Dieu qui les embrasse tous. Il n’a pas pitié de ceux qui vivent dans la douleur, et il ne se réjouit pas avec ceux qui se réjouissent. Son seul souci est de mener à bien, en bon serviteur, la tâche qui lui est confiée, afin de pouvoir ainsi, comme il le pense, être exalté aux yeux de son père.
Le petit fils a été trompé, brisé, repenti et sauvé. L’aîné nie son salut tant qu’il est impénitent dans sa supériorité morale et rejette l’amour paternel comme une faiblesse. Plus on est fier de sa supériorité morale, plus le repentir est difficile. Mais ceux qui participent à l’amour divin prient pour le retour même de celui qui est le plus fier de tous dans la certitude que « ce qui est impossible pour les hommes est possible pour Dieu. »
Par l’Archiprêtre Dr. Georgios Lekkas
Dimanche du fils prodigue et de son frère envieux, 12.2.2023.
Source: Antifono.gr