Homélie par l’Archiprêtre Georgios Lekkas.

« L’autre est notre moi mystique, et plus encore le Christ caché. »

 Père Georgios Dormparakis*

Le Seigneur Jésus-Christ a souffert de la faim pour nous, Il a subi des épreuves pour nous et finalement Il a été crucifié pour nous afin que nous puissions ressusciter avec Lui. La douleur subie par le Dieu-Homme ne peut être comparée à celle d’aucun être humain parce qu’elle avait des dimensions cosmiques, puisque le Seigneur a souffert autant que tous les hommes ont souffert ou souffriront jusqu’à son Second Avènement. La souffrance du Dieu-Homme ne peut toutefois être comparée à la souffrance d’aucun être humain, pour la raison supplémentaire qu’Il était le seul de tous les hommes à avoir pleinement conscience d’être le Fils de Dieu et Dieu au moment même où Il souffrait pour nous tous.

Le Seigneur Jésus-Christ est venu dans le monde en tant qu’homme, a souffert et a subi la mort sur la Croix pour chacun d’entre nous et pour nous tous ensemble, parce qu’aucun d’entre nous ne Lui est étranger. En effet, Dieu s’est fait homme et a souffert autant que n’importe quel homme pour supprimer toutes les barrières entre Dieu et l’homme, qui expliquent en fin de compte toute la misère de l’homme. Et parce qu’Il a souffert pour chacun d’entre nous et tous ensemble, plus la douleur de chacun d’entre nous est grande, plus l’intimité que nous gagnons avec Lui est grande. Car finalement, c’est la douleur de chacun d’entre nous qui fait de nous des frères et des sœurs de Jésus-Christ.

La douleur que chacun de nous éprouve fait de nous des frères et des sœurs du Christ, non seulement parce que lorsque nous souffrons, nous partageons un peu de Sa douleur pour nous, mais aussi parce qu’en souffrant avec le Christ, nous sommes mystiquement unis à tous ceux qui ont souffert et qui souffriront jusqu’à la fin du monde. En souffrant avec le Christ, les barrières qui nous séparent les uns des autres sont ainsi levées, car nous pouvons désormais voir l’un dans l’autre ce que chacun d’entre nous est réellement – un cri plein de douleur et d’espoir de résurrection.

Le plus souvent, nous nous engageons dans des relations et essayons de les maintenir soit pour des raisons d’intérêt personnel, soit pour des raisons de vanité, en ignorant à la fois qui nous sommes vraiment et qui est vraiment l’autre personne avec laquelle nous essayons d’établir une relation. En fait, nos relations avec les autres échouent très souvent parce que nous essayons de nous relier à eux non pas par ce qui nous unit à eux, mais principalement par ce qui nous sépare, à savoir nos passions.

Le Christ, par Sa vie, Sa mort et surtout Sa résurrection, a fait tomber les barrières qui nous séparent de Dieu et les uns des autres. Par conséquent, plus grande est notre union avec le Christ, plus grande est l’union entre nous. La voie royale vers notre union avec le Christ est la douleur de chacun d’entre nous. Au moment où nous souffrons, chacun pour la raison qu’il est seul à connaître, c’est la grande occasion de notre vie de nous tourner de toutes les forces de notre âme vers Celui qui a déjà souffert pour nous et de Lui demander de nous libérer complètement de tout ce qui nous sépare de Lui-même et les uns des autres afin que nous puissions désormais voir le Christ en chacun et vouloir prendre soin de tous, sans exception, comme nous prenons soin de nous-mêmes. Telle est la preuve la plus convaincante que nous sommes des membres vivants de Son Église.

Dimanche du Jugement Dernier, 23.2.2025.

*Père Georgios Dormparakis, La lumière comme un vêtement, Athènes, Publications « Akoulouthein », 2024, p. 114 (en grec).