Par l’Archiprêtre Dr. Georgios Lekkas

Les paroles les plus dures du Seigneur s’adressent aux pharisiens qui, tout en observant la Loi, ont le cœur éloigné de Dieu.

Le Pharisien est celui qui a une si haute estime de lui-même qu’il ne se rend pas compte à quel point il a besoin de Dieu. Le Pharisien pense croire en Dieu, mais en réalité il ne reconnaît d’autre Dieu que lui-même. Il observe la Loi de Dieu non pas pour plaire à Dieu, mais pour apaiser sa conscience. Et parce qu’il est tellement satisfait de lui-même, son cœur est autant fermé à Dieu qu’à son prochain.

Dieu a donné à l’homme qui est sorti du paradis une seconde chance de retourner au paradis. Au paradis, l’homme était libre de progresser spirituellement et de grandir éternellement grâce à Dieu. Mais comme l’homme a préféré se séparer de Dieu, son Créateur lui a permis de vivre séparé de Lui seulement pour une période de temps limitée. Il est évident que le Seigneur a voulu ainsi nous donner l’occasion de revenir à Lui de notre plein gré, comme ce fut le cas pour le Fils Prodigue, lorsque les réserves d’énergie pour notre vie autonome seraient épuisées.

Le Pharisien ignore que son autonomie ontologique est le don que Dieu nous a fait pour revenir librement à Lui, faute de quoi nous sommes contraints d’être tourmentés à jamais loin de Lui. Le Pharisien n’a pas de repentir parce qu’il croit qu’il mérite le salut uniquement pour la raison qu’il est l’héritier légitime de la Sainte Tradition. Le Pharisien est le sauvé imaginaire. L’orgueil de l’héritier légitime endurcit tellement son cœur que, d’une part, il est incapable d’entrer en relation avec le Dieu vivant et humble de la Sainte Tradition qu’il est censé servir, et que, d’autre part, il fait de lui un accusateur sévère de ses frères et sœurs.

La dureté de cœur à l’égard de nos frères nous empêche d’être imprégnés de la miséricorde divine, de sorte que même si Dieu nous pardonne, notre dette ne disparaît pas. En effet, il est impossible à l’homme d’avoir à la fois un cœur dur et tendre, dur envers son frère qu’il ne pardonne pas et tendre envers Dieu pour recevoir Son pardon.

Les paroles sévères du Christ à l’égard des pharisiens de tous les temps ne sont pas destinées à les condamner, mais à leur ouvrir les yeux. Nous pensons souvent que le Seigneur enseignait d’abord par ses paraboles et guérissait ensuite ceux qui avaient besoin de Lui. En fait, le Seigneur offrait et continue à nous offrir d’abord la guérison spirituelle par sa parole et ensuite la guérison physique lorsqu’Il la juge tout aussi bénéfique. La parole du Seigneur, avec ou sans paraboles, est donc profondément psychothérapeutique car elle vise d’abord notre guérison spirituelle afin de nous gagner pour toute l’éternité.

Les paraboles du Seigneur ont généralement des protagonistes positifs et négatifs, de sorte que nous devrions avant tout détester ce que les protagonistes négatifs des paraboles font de mal et désirer au contraire ce que les protagonistes positifs font de bien. Mais dans un deuxième temps, les Paraboles du Seigneur nous invitent à voir en nous-mêmes ce que les protagonistes négatifs des Paraboles font de mal, afin de mériter un jour les vertus de leurs protagonistes positifs.  Nous avons tendance à nous mettre du côté du Publicain et à condamner les pharisiens, répétant ainsi l’erreur du Pharisien. Mais parce que nous avons tous besoin de la justification du Publicain, nous devrions demander avec larmes au Seigneur de nous accorder un profond repentir pour tout ce qui, en nous, nous fait ressembler au Pharisien.

8.2.25.