Chers frères et sœurs,
La lecture de l’épître de ce jour résume en quelques phrases l’œuvre salvatrice de notre Seigneur Jésus Christ. En début d’épître l’apôtre nous rappelle que nous sommes tous bénis et capables à répondre à l’appel de Dieu. Ainsi dit-il, et je cite : « à chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don de Christ ».
Devons-nous nous rappeler la mesure du don de Christ ? Saint Paul nous donne un aperçu en parlant de façon voilée de Son Incarnation, son œuvre, la croix, de sa descente en enfer et de la résurrection. Et finalement l’extrait se termine avec l’objectif de l’œuvre salvatrice de notre Seigneur, qui a pour but, et je cite à nouveau l’apôtre, « le perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme parfait, à la mesure de la plénitude du Christ. ». Les saints dont il est question, ce sont tous les chrétiens (et tous les hommes en réalité ont cette vocation). La sainteté n’est pas selon cette parole un accomplissement, mais un ‘en devenir’. Ainsi saint Paul parle bien de perfectionnement des saints, perfectionnement qui sera réalisé quand nous serons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme parfait.
A l’état d’homme parfait. Si on parle beaucoup de spiritualité en notre Eglise, nous devons être vigilant à ne pas spiritualiser notre foi. Le perfectionnement des saints est en réalité quelque chose de très concret. Le Christ a pris notre chair, en tant qu’homme il a connu la faim, la souffrance, il a partagé des repas avec les hommes, la joie et les chagrins. Il a guéri des malades, il a consolé. Etc. L’unité de la foi ne peut être réduit à quelque chose d’abstrait. Il est ainsi dans le mariage, petite cellule de l’Eglise. Il y a l’amour entre les conjoints bénis par Dieu, il y a la joie à partager, mais il y a aussi toutes ces choses qui sont nécessaires à notre vie sur terre. Il faut s’encourager mutuellement, se soutenir quand l’un est dans la peine, prendre patience, renoncer à son égo. Il faut travailler pour se nourrir, pour se loger, il faut préparer les repas, faire le ménage, éduquer les enfants, etc. Tout cela est très concret, et faut aussi partie du mariage, de l’union entre l’homme et la femme, et de l’union avec Dieu. Au sein d’un mariage accompli tous cela est partagé.
Il en est de même dans une paroisse. La paroisse est le lieu où nous œuvrons, comme dans la famille, vers l’unité des saints. Il y a la prière commune, les offices liturgiques, les rencontres et partages, mais il y a aussi toutes ces petites choses qui sont nécessaires pour la réalisation de l’unité au sein de la communauté. La présence. Les chants. La beauté du temple. Les agapes. Les catéchèses. Les services. Chacun, selon ses capacités, est invité à participer à tous ces petits aspects, dans un esprit de charité envers les frères et sœurs, dans un esprit de service en étant à l’écoute des autres, et dans un esprit de patience afin de garder la paix au sein de la paroisse.
Et je crois que cela est aussi une des lectures qu’on peut faire de l’Evangile de ce jour. Nous avons entendu le Christ quitter la Judée, la région ‘sainte’ qui semblait être le lieu de prédilection pour son ministère, pour aller au-delà du Jourdain apporter la lumière chez un peuple assis dans les ténèbres. Ne devons-nous pas transposer cela à notre vie ? Le Christ apporte ainsi non seulement la lumière de sa présence au moment de la prière, commune et individuelle, mais également est-il à l’œuvre dans toutes les petites et grandes choses de la vie.
Bon dimanche à vous tous !
p. Laurent