Homélie par l’archiprêtre Dr. Georgios Lekkas.
Les Miracles de Jésus avaient et ont toujours eu un double objectif : D’une part, révéler la foi de ceux qui croient en lui, et d’autre part, révéler l’incrédulité de ceux qui le renient.
Le Christ n’accomplit pas de miracle sans que nous ayons la foi en Lui ou sans voir, en tant que Dieu qu’Il est, que nous sommes déjà disposés à Le croire ; Il agit alors de manière miraculeuse pour renforcer notre ouverture à Lui, comme Il l’a fait dans le cas de la Femme Toute-Courbée.
L’Evangéliste Luc ne mentionne rien sur la foi de la Femme Toute-Courbée avant que Jésus ne lui rende la santé par Son Miracle. Mais le fait qu’immédiatement après le Miracle, la femme bénie se soit précipitée pour louer Dieu, nous permet de conclure que cette femme possédait toutes les conditions spirituelles nécessaires pour que le Miracle puisse s’accomplir en elle.
La guérison miraculeuse de la Femme Toute-Courbée, qui ouvrit encore davantage son cœur au Miracle suprême qu’est Jésus-Christ Lui-même, devient cependant l’occasion pour la révélation, une fois de plus, de l’aveuglement spirituel des Pharisiens.
Les Pharisiens furent l’objet de sévères critiques de la part de Saint Jean-Baptiste et de Jésus Lui-même, surtout parce qu’ils manquaient de repentir et revendiquaient leur droit d’entrer dans le Royaume en tant que simples descendants d’Abraham. Leur manque de repentir les avait rendus au cœur dur et les avait conduits à juger sévèrement tout le monde sauf eux-mêmes.
Le fait que Jésus qualifie la patiente de « fille d’Abraham » lorsqu’Il s’adresse au Chef de la Synagogue n’est certainement pas par pur accident. Il s’agit d’une référence indirecte à l’endurcissement du cœur des Pharisiens, y compris envers leurs propres frères.
Le récit de Luc sur la dureté de cœur du Chef de la Synagogue est plus étendu que le récit du Miracle qui l’a mise en lumière. La guérison du Chef de la Synagogue est beaucoup plus difficile, voire impossible, que celle de la Femme Toute-Courbée, car contrairement à cette dernière, le premier n’avait pas de repentance. Le manque de repentir des dirigeants religieux d’Israël a contraint ainsi le Seigneur Jésus à leur retirer leur autorité religieuse et à la remplacer par l’humble service sacerdotal de Ses Disciples. C’est pourquoi le conflit avec les autorités religieuses d’Israël était si profond.
D’une manière étrange, face à Jésus, les bons deviennent meilleurs et les mauvais deviennent pires. L’œuvre messianique de Jésus semble donc, à cet égard, poursuivre l’œuvre de la Loi, qui a été accordée à Israël, selon l’apôtre Paul, pour lui faire prendre conscience de son indignité face à un tel Dieu.
En se reflétant maintenant sur le Christ, les autorités religieuses d’Israël prennent conscience de leur abominable cruauté à l’égard de leurs propres frères et sœurs et, ne pouvant supporter la critique exercée par la personne et l’œuvre de Jésus, elles Le condamnent à mort, commettant ainsi elles-mêmes une sorte de suicide spirituel, à la manière de Judas.
Tous les récits évangéliques ont toujours des protagonistes positifs et négatifs pour nous donner la possibilité de choisir avec qui aller et qui quitter si nous voulons être sauvés. Imitons alors de tout cœur la Femme Toute-Courbée et glorifions notre Seigneur pour ses bienfaits à notre égard maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.
Dimanche Luc X, 8.12.24.