Homélie par p. Laurent, 1 décembre 2024.
Chers pères,
Chers frères et sœurs,
Saint Augustin, évêque d’Hippone, dans une homélie pour la Nativité de notre Seigneur Jésus Christ, dit la phrase suivante : « La justice n’est pas sortie de nous mais elle s’est penchée du ciel. ». La justice s’est penchée du ciel, c’est-à-dire la justice nous est donnée par l’abaissement de Dieu, abaissement volontaire qui se réalise pour nous, par amour, par l’Incarnation du Verbe de Dieu, par la nativité de notre Seigneur Jésus Christ. Ainsi, la justice ne sort pas de nous. Saint Augustin explique ainsi la phrase de saint Paul que nous avons lue dimanche dernier « loin de moi la pensée de me glorifier d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus Christ ». Notre justification, nous la recevons par l’action salvatrice du Verbe, et donc non par notre chair. D’où cette autre phrase de l’épître de dimanche dernier « ce n’est rien que d’être circoncis ou incirconcis ». Saint Paul nous dit, en d’autres termes, et très clairement, la même chose aujourd’hui : « En effet, c’est par la grâce que vous êtes sauvés, (…) Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. »
Ce qui importe, ce qui est quelque chose, poursuit saint Paul dans l’épître que nous avons lu dimanche dernier, c’est d’être une créature nouvelle. Car mettre sa gloire en Dieu n’est pas un simple acte d’adhésion intellectuelle. Nous glorifier de la croix de notre Seigneur Jésus Christ n’est pas atteinte en se mettant en conformité avec quelques règles pratiques, mais bien en se transformant en digne réceptacle de Sa grâce. Mettre sa gloire en Dieu c’est Le laisser agir en nous. C’est de répondre comme la Vierge Marie le fût à l’ange Gabriel à l’Annonciation : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon ta parole ! ». Ainsi, devenir une créature nouvelle en glorifiant Dieu, c’est se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu et accepter pleinement la grâce qu’Il nous accorde. Enfin, devenir une créature nouvelle, c’est répondre positivement à l’amour qu’Il nous porte.
« Ta foi t’a sauvé ! ». Voici la part de l’homme dans cet échange entre Dieu et sa créature. Tout ce que nous faisons en sein de l’Eglise, les prières liturgiques et personnelles, les mystères, les lectures et les catéchèses, l’ascèse, les partages fraternels, tous cela ne prend que du sens si cela se fait avec foi, afin d’entrer en relation avec la Sainte Trinité, et dans la volonté de fortifier notre foi. Ainsi quand la Mère de Dieu a répondu positivement à l’Ange Gabriel, c’est par une vie sainte, par une vie de prière, par une vie tournée vers Dieu, qu’elle était préparée à accueillir Dieu.
Jésus ne dit pas : Parce que tu as fait preuve de foi, je te sauve. Mais il dit : Ta foi t’a sauvé. Dieu ne pose pas de condition à son Amour, Il embrasse toute l’humanité. Mais il faut bien que dans sa liberté l’homme veuille accepter l’amour que Dieu lui porte. Le Salut ne s’impose pas. Il est reçu par la foi.
Avoir la foi, c’est oser s’abandonner à Dieu, comme en témoigne l’aveugle de Jéricho. Aveugle physiquement, il a pris conscience de son infirmité, de sa cécité physique et spirituelle. Démuni par cette situation sans issue rationnelle, il se reconnait impuissant. D’un cœur humble il reconnaît qu’il ne peut rien lui-même. Apprenant la présence du maître de Nazareth, il met son espérance en lui, il s’abandonne à Dieu, et il s’écrie dans un désir affirmé de se faire entendre par le Seigneur : « Jésus, fils de David, prends pitié de moi ! », ne se laissant pas décourager par ceux qui veulent le détourner de son salut. Il saisit ainsi l’occasion qui lui est donné et d’un pas résolu s’approche de Jésus.
Pouvons-nous suivre ce même chemin. Amen.