Homélie par l’Archiprêtre Dr. Georgios Lekkas.
La principale chose qui nous sépare du Christ est notre excès de confiance en soi. L’excès de confiance en soi est la principale caractéristique du pharisien, et son amour de la richesse s’explique par le fait que la richesse augmente encore plus sa confiance en soi.
Le pharisien peut dépenser une fraction de sa fortune pour les pauvres, mais il veille à garder toujours pour lui la plus grande partie de ses revenus, de sorte que ni ses biens, ni surtout la confiance en soi qu’il en retire ne sont jamais en danger.
En observant la « lettre » de la loi, le pharisien pense mériter la Vie Eternelle. Son confiance en lui est telle qu’il pense que par ses actes, il peut presque l’acheter. Sa relation avec Dieu est ainsi devenue totalement impersonnelle puisqu’il l’a substituée par l’accomplissement de la Loi.
La Loi lui a été donnée pour qu’il puisse surveiller sa conscience mais lui l’utilise pour qu’il puisse la rassurer. La Loi lui a été donnée pour le préparer au Christ, mais le pharisien préfère la Loi au Christ, il garde la Loi et crucifie le Christ.
Il est facile pour le pharisien de manipuler la Loi à sa guise dans le but d’accroître de plus en plus son pouvoir sous prétexte de servir la Loi. Mais lorsque le pharisien est contraint de se confronter à l’humilité divine du Dieu tout-puissant, qui exige l’homme tout entier pour pouvoir le renouveler, le pharisien perçoit Dieu comme une menace et s’empresse de Le mettre à mort.
Le pharisien, comme son père spirituel qui est le Diable, voit l’Amour de Dieu comme une faiblesse et préfère son propre royaume au Royaume des Cieux. Le pharisien représente l’homme qui refuse de reconnaître le Christ comme son Sauveur et répète ainsi la chute d’Adam qui a cru pouvoir devenir dieu sans Dieu.
Le riche pharisien qui a entamé un dialogue avec le Christ sur la Vie Eternelle a mis en péril son pouvoir terrestre. En entrant en dialogue avec le Dieu vivant, on doit être prêt à tout perdre si l’on veut gagner la Vie Eternelle avec Lui. Le Christ veut nous restituer tout, mais pour cela, nous devons d’abord nous abandonner complètement à Lui.
Les passions que nous ne pouvons pas surmonter par nous-mêmes constituent une grande opportunité pour nous tourner vers le Christ avec de « grandes larmes » afin que Celui-ci puisse nous sauver. La passion de la richesse que Jésus constate chez le riche pharisien est ainsi une épée à double tranchant. Soit il désespère et s’éloigne du Christ pour toujours, soit il se met à genoux et Lui demande de le guérir de cette passion.
En entrant en dialogue avec le Dieu vivant qu’est le Christ, il est inévitable que notre confiance en soi, comme celle du riche pharisien, soit brisée en mille morceaux, mais c’est alors l’occasion de notre vie d’entrer dans une telle relation avec le Christ qu’il vit désormais en nous et que nous ne faisons plus qu’un avec lui.
Dimanche Luc XIII, 24.11.24.