p. Laurent, 16 juin 2024

Chers frères et sœurs,

Lucernaire de ce dimanche : « Du sein paternel tu fus dès l’aurore engendré avant les siècles, sans qu’une mère t’ait conçu, même si Arius te glorifie comme créature, non comme Dieu, mêlant effrontément la créature et son Auteur, et encourant par là le feu éternel, mais le concile de Nicée te proclame Fils de Dieu, Seigneur qui partage un même trône avec le Père et l’Esprit. »

Ce dimanche, septième dimanche de Pâques, connait une grande intensité liturgique : septième dimanche de Pâques, après-fête de l’Ascension, avant-fête de la Pentecôte et dimanche des Saints Pères du Premier Concile Œcuménique. Tout cela n’est pas arbitraire, mais le fruit de l’intelligence de l’Eglise et œuvre du Saint Esprit. Nous faisons aujourd’hui mémoire de la transition de l’œuvre salvatrice du Fils – « j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donné à faire » – à celle du Saint Esprit que le Fils nous envoie de chez Son Père – « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous ». Par les Saints Pères nous comprenons non seulement le lien indéfectible entre l’action du Fils et du Saint Esprit, mais aussi la grande « urgence » – si je peux l’appeler ainsi – de l’œuvre du Saint Esprit, œuvre qui s’exprime à travers l’Eglise et ses saints.

Lucernaire de ce dimanche : « Qui a déchiré ta tunique, Sauveur ? C’est Arius, qui sépare et divise en la Trinité l’égale gloire et l’éternelle majesté ; il n’admet pas que tu es l’Un de la sainte Trinité, il inspire à Nestorius de rejeter l’expression ‘Mère de Dieu’, mais le concile de Nicée te proclame Fils de Dieu qui partage un même trône avec le Père et l’Esprit. »

Dans la prière que Jésus adresse à Son Père, et notre Père, il dit : « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. ». Ailleurs il répond à la question de Philippe de leur montrer le Père : « Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas encore, Philippe ? Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ? (…) Oui, je vous le déclare, c’est la vérité : celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je vais auprès du Père. ». Nous voyons par-là la grande importance du juste enseignement concernant le Fils de Dieu, notre Seigneur Jésus Christ, car c’est par Lui uniquement que nous pouvons connaître le Père. Ainsi, la fidélité de l’Eglise envers la vraie et droite doctrine de la foi, telle qu’elle l’a entendue de la bouche du Seigneur, est essentielle pour notre Salut. Quand les 318 Saints Pères ont pris, ensemble avec le Saint Esprit, le soin de se réunir pour défendre la foi orthodoxe contre les enseignements erronés d’Arius, ils ont non seulement œuvré pour la Vérité, mais également pour notre Salut. Ils ont pris garde à eux-mêmes ainsi qu’à tout le troupeau des fidèles, comme l’a exhorté Saint Paul, afin de protéger l’Eglise des loups cruels qui enseignent des choses pernicieuses. Comme Abraham ensemble avec 318 gens de sa maison vainquit ceux que l’assaillirent, ainsi le Saint Esprit avec 318 évêques ont condamné l’hérésie d’Arius.

Lucernaire de ce dimanche : « Il est tombé dans le gouffre des impies, Arius, selon qui la lumière ne peut être vue et  les entrailles déchirées par la justice de Dieu, il rendit son âme et tout son être violement, comme un autre Judas par la conduite et la pensée, mais le concile de Nicée te proclame Fils de Dieu qui partage un même trône avec le Père et l’Esprit. »

Admettre que Jésus n’est pas véritablement Dieu, c’est réduire son œuvre de Salut à une illusion. C’est justement parce que le Christ a pris notre nature en tant que Dieu à l’Incarnation et l’a ramenée à Dieu à l’Ascension que notre nature entre dans la Gloire de la Sainte Trinité. Le Christ a divinisé notre nature, et nous donne la potentialité de nous diviniser selon l’affirmation de sainte Irénée, repris par saint Athanase : « Dieu s’est fait homme, pour que l’homme devienne Dieu. », et de devenir ainsi, comme nous dit saint Paul dans l’épître aux Ephésiens, des fils de Dieu par adoption.

Lucernaire de ce dimanche : « Célébrons-en ce jour les Pères théophores, ces clairons mystiques de l’Esprit, qui ont fait retentir au milieu de l’Eglise la divine harmonie, proclamant l’unique essence de la divine Trinité ; contre Arius ils soutinrent la vraie foi et sans cesse ils intercèdent auprès de Dieu pour qu’il prenne nos âmes en pitié. »

Comment rester sur la voie de la vraie foi ? L’Eglise nous donne pour guide, par grâce du Saint Esprit, la Liturgie, la liturgie dans le sens large du terme. Pour citer saint Justin de Tchélié, « l’office orthodoxe est le saint Evangile et la sainte Tradition traduits en prière, chantés dans ces merveilleux et vivifiants stichères, tropaires, kondakia, canons, apostiches, … Toute la Vérité, la Justice, l’amour, la Sagesse, la Vie, l’Immortalité et l’Eternité divino-humaine nous y sont offerts comme prière. ». Un théologien liturgique écrit que la richesse cultuelle de l’Eglise orthodoxe est revêtue de la rosée du Saint Esprit. C’est une belle image. Pouvons-nous traverser les temps de liturgie comme le font des enfants traversants les champs couverts de rosée afin de nous imprégner des enseignements de l’Eglise et connaître le vrai Dieu. 

Amen