La fécondité spirituelle exige de la patience et la patience exige la foi en l’Homme-Dieu qu’est le Christ.
La patience, en tant que vertu chrétienne, nous permet à la fois de résister aux tentations et de nous abandonner complètement à notre Dieu bienveillant pour nous sauver. Mais tant le repoussement des tentations que le degré de notre abandon au Christ dépendent de notre foi en lui.
De notre foi en l’Homme-Dieu, le Christ, dépendent donc à la fois notre patience et notre fécondité spirituelle.
La fécondité spirituelle est comme un accouchement et il faut de la patience dans les affres de l’enfantement pour mériter la joie de mettre au monde un être humain. Ce n’est que par la foi dans le Christ Homme-Dieu et par la patience que cette foi nous donne que l’on peut mériter de passer de l’état d’esclave aux passions à la liberté des enfants de Dieu.
Et s’il faut de la peine pour qu’un enfant sorte du ventre de sa mère, combien plus grande est la peine pour que nous puissions renaître comme des enfants lumineux de Dieu. Renaître, c’est en général à juste titre un martyre, c’est une croix que chacun d’entre nous est ou sera appelé à porter pour mériter la Résurrection. En effet, la croix de chacun de nous est notre participation à la Passion du Christ afin de ressusciter avec lui.
Mais le fait de rester avec lui jusqu’à la fin pour ressusciter avec lui dépend de notre foi. Qu’est-ce que la foi ? Nous pouvons imaginer la foi comme un canal d’énergie qui nous relie à la Source des Forces qu’est le Dieu Trinitaire. La foi est ainsi un état dynamique qui permet à la vie de Dieu de devenir notre propre vie. C’est la qualité de notre foi qui détermine dans quelle mesure la vie de Dieu deviendra notre propre vie. En effet, bien que Dieu veuille se livrer à nous dans la mesure du possible dans son intégralité, lorsqu’il rencontre une résistance de notre part, il se retire discrètement parce qu’il ne veut pas nous imposer sa présence.
Ainsi, plus notre foi est grande, plus notre disposition à l’égard du Dieu tout-puissant et bienveillant est sans réserve, et plus notre disposition à son égard est grande, plus nous sommes remplis de la Présence divine.
En effet, la foi n’est pas un état statique car elle constitue un certain degré de relation avec Dieu. Et plus nous devenons réceptifs aux actions divines, plus notre foi en Lui augmente. La foi est une relation entre Dieu et l’homme et le bénéficiaire de cette relation est le plus faible, c’est à dire l’homme. Par la foi en l’Homme-Dieu qu’est le Christ, l’homme faible en lui-même devient ainsi porteur de la toute-puissance divine.
Le moyen de dégager le canal qui nous relie à la toute-puissance divine est la patience. Sans patience, nous perdons facilement la foi, nous sommes vaincus par les démons et les soucis de la vie, et même si nous commençons notre voyage avec le Christ, nous finissons par le trahir comme Judas. En revanche, notre foi en Christ nous permet d’être patients dans notre lutte et la patience, à son tour, augmente notre foi.
La foi apporte la patience et la patience augmente notre foi jusqu’à ce que la Vie du Dieu Trinitaire devienne autant que possible notre propre vie. D’ici là, le Seigneur nous permet souvent d’avoir un avant-goût de cette vie, afin que nous ne voulions plus d’une autre vie que la sienne, d’un autre amour que le sien et d’une autre volonté que la sienne. AMEN.
Dimanche du Semeur, 15.10.23.
– Archiprêtre Dr. Georgios Lekkas