Selon la célèbre phrase de saint Silouan de l’Athos, « Celui qui n’aime pas ses ennemis n’est pas encore chrétien » !
Aimer ses ennemis est certes un état charismatique, un signe de la présence tangible de l’Esprit Saint en lui, mais la vie vraiment chrétienne n’est-elle pas d’abord et avant tout un état charismatique ?
Nous sommes tout à fait incapables de faire quoi que ce soit de vraiment bon par nous-mêmes sans la coopération de l’Esprit Saint. Et certainement, selon la doctrine ferme de notre Sainte Église, là où se trouve le Saint-Esprit, se trouvent là aussi et sans confusion le Père Sans Commencement et le Fils Coéternel.
Nous avons besoin de l’aide d’en haut pour croire en Dieu, pour espérer en Lui, pour aimer Dieu et nos prochains, et plus encore nos ennemis. Nous ne pouvons même pas respirer sans l’aide d’en haut. Et souvent, le Seigneur nous permet d’atteindre un état d’épuisement total afin que nous réalisions que nous ne pouvons vraiment rien faire sans Lui.
Nous avons tendance à croire, nous tous qui avons été nourris par le lait des Lumières européennes, que nos actions morales dépendent entièrement de nous et peut-être même notre spiritualité elle-même. Mais cela est totalement inacceptable du point de vue de la Tradition Orthodoxe.
Selon la Tradition Orthodoxe, nous avons besoin de l’aide d’en haut même pour notre action morale la plus simple et l’aide d’en haut est toujours présente dans nos vies, même lorsque nous ne la comprenons pas. C’est pourquoi l’abandon par Dieu est absolument nécessaire pour notre développement spirituel, précisément pour comprendre, par cet abandon, que tout ce que nous tenions pour acquis dans notre vie était un don du Dieu Trinitaire et que, sans Lui, nous ne pouvons absolument rien accomplir.
Le Christ est l’Homme-Dieu et nous sommes vraiment chrétiens lorsque nous vivons par la Grâce Divine comme des images accomplies de l’Homme-Dieu Jésus. Souvent, à cause de nos passions et de nos péchés ou pour progresser spirituellement, nous tombons dans une faiblesse extrême et nous avons parfois l’impression que Dieu lui-même nous a abandonnés afin que notre foi, notre espérance et notre amour en lui soient testées dans des conditions d’abandon par Dieu. Curieusement, lorsque nous pensons que Dieu nous a abandonnés, c’est précisément à ce moment-là qu’Il est plus proche de nous que jamais, précisément à ce moment-là que nous sommes au centre de Son attention, de sorte que désormais nous ne vivions plus comme des esclaves, mais comme Ses enfants élus.
Lorsque la Grâce de Dieu est avec nous, nous aimons tout le monde, que ce soit nos ennemis ou nos amis, nous voulons mourir pour que tout le monde vive, il nous est impossible d’affliger qui que ce soit, nous voulons L’adorer partout dans sa Création, nous voulons tout embrasser, nous voulons prier pour tous, vivants et morts, comme pour nous-mêmes, nous voulons tout Lui offrir, même ceux que nous considérons comme les plus proches, nous voulons n’avoir d’autre volonté que la sienne, nous voulons n’avoir d’autre vie que la vie de l’Homme-Dieu. Que cette grâce nous soit accordée. Amen.
p. Georgios Lekkas
Dimanche Luc II, 1.10.23.