En présence du Dieu vivant, l’âme humaine passe nécessairement de la terreur à l’extase, en fait de la terreur pour l’abîme qui nous sépare à l’extase pour le Miracle qui nous unit au Dieu inaccessible.
Comme l’indique clairement l’Évangile de Saint Marc, il en fut de même pour les femmes myrrhophores. Elles ont d’abord vu la résurrection du Sauveur dans les paroles de l’ange au tombeau vide et donc, même avant Thomas, elles ont touché le Seigneur ressuscité avec les mains de leur esprit et de leur cœur.
Elles ont débuté avec un amour pur et humain pour leur grand enseignant et ami et, à la fin, elles ont été remplies d’un amour spirituel pour l’Homme-Dieu, le Christ. Les Femmes myrrhophores ont été les premières à pénétrer dans le buisson ardent de l’Homme-Dieu ressuscité, d’où provenaient leur terreur et leur extase.
Dans la terreur, on prend conscience de sa petitesse devant le Dieu tout-puissant, tandis que dans l’extase, on prend conscience de sa grandeur par la grâce, lorsque le Dieu absolument grand daigne s’abandonner à notre absolue petitesse. C’est la terreur qui se transforme ainsi en extase, de sorte que l’ampleur de l’extase dépend le plus souvent de l’ampleur de la terreur.
L’homme se tient alors dans l’admiration, non seulement devant l’Homme-Dieu ressuscité, mais aussi devant son propre soi lorsqu’il s’ouvre devant le Dieu infini et devient le réceptacle de sa vie éternelle. Il est rempli de crainte, voyant la richesse absolue accepter la pauvreté absolue. L’homme qui a reçu par la grâce les dimensions du Ressuscité souhaitera alors mourir afin que tous puissent vivre.
L’homme a été créé à l’image du Dieu trinitaire pour devenir, par la grâce, un homme-dieu. Dans l’état d’extase devant l’Homme-Dieu ressuscité, l’existence de l’homme est unifiée et, par la grâce, il devient un homme-dieu. Cependant, lorsque l’homme est coupé des énergies théandriques du Ressuscité, il devient extrêmement autodestructeur dans sa relation avec lui-même, ses semblables, la planète qu’il habite et l’ensemble de la Création.
Comme en témoigne le cas des femmes myrrhophores, l’homme qui se tient ouvert devant Jésus ressuscité, dans la phase de terreur, souffre d’une petite fermeture en lui-même, c’est-à-dire au moment où il admet qu’il est lui-même indigne d’un tel Dieu. Pourtant, paradoxalement, cette quasi-fermeture sert de condition préalable à une ouverture extatique d’amour au Dieu tout miséricordieux.
Dans l’extase, le but de la création de l’homme s’accomplit : L’homme ouvert au Miracle reçoit la Vie Éternelle qui le purifie de l’intérieur pour en faire, au moment opportun, son porteur permanent. Pendant l’extase, nous n’avons pas de perte de soi, mais un approvisionnement du soi profond par la Vie Eternelle.
Par l’Archiprêtre Dr. Georgios Lekkas
Dimanche des femmes myrrophores, 30.4.2023.