Homélie prononcée par Monseigneur Athanase, évêque du Saint Evêché Orthodoxe du Bénin, Togo et Burkina Faso en sa visite en notre paroisse ce 13 juillet 2025, dimanche de la mémoire des Saints Pères du 4ième Concile Oecuménique.

Bien-aimés frères et sœurs en Christ

,« Vous êtes la lumière du monde… », ces paroles du Christ à Ses disciples, sont prononcés au tout début de Son ministère public, lors de ce que la tradition chrétienne a appelé le Sermon sur la Montagne. Ce sermon, que l’Église orthodoxe considère comme le cœur de l’enseignement éthique du Christ, n’est pas simplement un ensemble de règles morales, mais une révélation de la vie nouvelle que le Seigneur inaugure pour l’humanité.

Nous sommes à un moment charnière de l’histoire du salut. Le peuple d’Israël, formé par la Loi et les Prophètes, attendait le Messie promis, Celui qui restaurerait le Royaume de Dieu. Le monde juif vivait sous l’occupation romaine, dans une atmosphère de tension politique, de piété fervente mais aussi d’hypocrisie religieuse. À ce peuple fatigué, assoiffé de justice et troublé par l’ombre de la mort et de l’oppression, le Messie vient finalement offrir non une réforme sociale ni une révolution armée, mais un appel à la métanoïa, le retournement du cœur, et l’entrée dans le Royaume des cieux, non pas par la force, mais par la sainteté.

Par ces mots le Christ nous dévoile le vrai sens de la vie humaine selon Dieu.

Le Seigneur dit à ceux qui ont accepté de Le suivre, non pas qu’ils “doivent devenir” lumière, mais qu’ils “sont déjà” lumière : « Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5,14). Ce n’est pas une récompense pour des efforts moraux, mais une vocation ontologique. Car Celui qui parle est la “Lumière véritable qui éclaire tout homme”(Jn 1,9), et ceux qui s’unissent à Lui deviennent eux aussi lumière, par grâce.Les Saints pères de l’église nous font remarquer que le Christ ne dit pas « Je vous ferai lumière », mais « Vous êtes la lumière », parce que par votre communion avec Moi, vous êtes participants de la lumière divine. Ce thème de la participation est central dans notre tradition. L’être humain, créé à l’image et selon la ressemblance de Dieu, retrouve sa beauté originelle en s’unissant au Christ, en Le laissant vivre en lui. Ainsi, les disciples ne brillent pas par leur propre force, mais parce qu’ils sont transparents à la lumière de Dieu.

Et cette lumière n’est pas faite pour être gardée pour soi. “Une ville située sur une montagne ne peut être cachée” (Mt 5,14), dit le Seigneur, une référence à Jérusalem, la ville sainte, posée sur le mont Sion, mais aussi à l’Église elle-même, qui est appelée à être le phare du monde, la colonne et le soutien de la vérité, selon les mots de saint Paul (cf. 1 Tm 3,15). Dans l’Église, à travers la Liturgie, les saints mystères, la prière, la vie communautaire, le monde voit encore briller la lumière du Christ. Et chaque chrétien, uni à son Église, devient à son tour ce petit luminaire qui éclaire la maison de ce siècle enténébré.

Mais pour briller ainsi, il faut se laisser consumer dans l’amour. Le chrétien, lumière du monde, n’est pas celui qui s’impose, mais celui qui s’offre. Il n’est pas celui qui juge, mais celui qui console. Il ne cherche pas à dominer les ténèbres par la force, mais à les dissiper par la miséricorde. Rappelons nous de cette prière qui dit:

Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix.

Là où il y a de la haine, que je mette l’amour ;

Là où il y a l’offense, que je mette le pardon ;

Là où il y a la discorde, que je mette l’union ;

Là où il y a l’erreur, que je mette la vérité ;

Là où il y a le doute, que je mette la foi ;

Là où il y a le désespoir, que je mette l’espérance ;

Là où il y a les ténèbres, que je mette la lumière ;

Là où il y a la tristesse, que je mette la joie.

Voilà ce que signifie être lumière du monde : ne pas cacher le Christ en nous, ne pas dissimuler la vérité, mais offrir notre vie comme un chandelier sur lequel brille la flamme divine.

Aujourd’hui nous ne faisons plus face à l’empire Romain mais la guerre, les injustices sociales et économiques, les divisions ethniques et religieuses, l’oubli de Dieu et l’exaltation de l’égo percistent, et nous chrétien orthodoxe ne devons pas rester dans l’indifférence. Le Chrétien doit être le baume qui pensent les blessures. Il garde la loi du Christ non pas comme un code rigide, mais comme une voie vivante, la voie de la sainteté. Il n’en supprime pas le moindre iota, car chaque commandement est une étincelle de cette lumière céleste. Il les observe et les enseigne par sa vie, par l’exemple silencieux de sa charité, de sa patience, de son humilité, de sa foi.

Frères et sœurs, le monde n’a pas besoin de chrétiens tièdes ou cachés, mais de témoins. Et le Seigneur nous prévient : si la lumière devient ténèbres, combien grandes seront les ténèbres ! Ne cachons pas notre lampe sous le boisseau de la peur, de la mondanité, de la paresse spirituelle. Mettons-la sur le chandelier de la prière, de l’Eucharistie, de la charité concrète, et qu’ainsi, voyant nos œuvres, non pas nous, mais notre Père soit glorifié dans les cieux.

Que le Seigneur, par les prières de nos saints Pères, nous donne d’être dignes de cet appel, et que notre lumière brille, non pour notre gloire, mais pour que tous glorifient notre Père qui est dans les cieux.

Que la lumière du Christ éclaire vos cœurs,

que Sa paix demeure en vos foyers,

et que Sa bénédiction vous accompagne

maintenant et toujours,

et aux siècles des siècles.

Amen.