23/04/2023

« Ta Résurrection, ô Christ sauveur, illumine tout l’univers, en Ta grâce Tu rappelles Ta propre création : Seigneur Tout-Puissant, gloire à Toi ! »[1].

L’Incarnation du Fils de l’homme a été totale. La Croix a été véritable. La souffrance et la mort réelle. Aussi, sa mise à mort, Sa passion, la Croix ont été publique, manifestées aux yeux du monde. Le sacrifice de Dieu n’est pas un simple symbole, une image, non, il est authentique, il est total, il est vérité. Le grand désespoir des disciples nous montre la réalité des évènements qui sont survenus, pour eux la résurrection n’était plus possible, tout était consommé.

« Le Christ est ressuscité des morts, par sa mort Il a terrassé la mort et à ceux qui sont dans les tombeaux Il a donné la vie. »[2] Nous le chantons avec joie ! Nous le clamons avec force !

Une grande fragilité, si je peux l’exprimer ainsi, se dégage pourtant des récits évangéliques. L’annonce de Sa Résurrection passe pour ainsi dire inaperçue aux yeux du monde. Nous sommes loin de l’image d’un Dieu glorieux, triomphaliste. La Résurrection se présente d’abord comme un tombeau vide, ensuite comme une parole annoncée par un ange aux femmes myrophores, et non comme un phénomène visible. Le Christ ressuscité se montre ensuite avec discrétion, avec pudeur. Nous ressentons cette même fragilité chez les disciples du Seigneur. Voyons le désespoir des deux disciples en route vers Emmaüs. Voyons l’effroi des apôtres qui croient voire un esprit. Voyons la réaction d’incroyance de l’apôtre Thomas à l’annonce de la résurrection du Christ par les autres disciples. Pourquoi en est-il ainsi ?

Au cœur du mystère de la Résurrection reste l’Amour incommensurable de Dieu pour l’homme. L’Amour ne s’impose pas. Aimer c’est se découvrir à l’autre, aimer c’est se rendre fragile afin de recevoir son prochain. Aimer c’est laisser à l’autre la liberté d’aimer en retour. Si la foi est une grâce, Dieu ne l’impose pas. Le Christ ressuscité se montre aux disciples car malgré leur désespoir, ils continuent à se rassembler pour prier. Il restait en les disciples le désir de Dieu. Et c’est ainsi et pour cela qu’Il insuffle une nouvelle haleine de vie en ses disciples en leur donnant l’Esprit Saint, et qu’il les envoie, ses amis, non pour imposer mais pour annoncer la Bonne Nouvelle à toutes les nations, pour partager espérance et foi dans le Royaume Céleste. « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi Je vous envoie. »[3]. Le Père a envoyé le Fils par Amour. Le Fils envoie ses disciples par Amour. Le Fils n’a pas accompli Sa propre volonté, mais celle du Père, ainsi les apôtres sont appelés à accomplir la volonté du Fils. Le Fils s’est abaissé à notre humanité, il s’est rendu fragile et Il est venu pour servir les hommes. Ainsi en-t-il de même pour tous ceux appelés à porter témoignage de l’Evangile. Il en est donc ainsi pour nous.

L’exemple des apôtres, et de l’apôtre Thomas en particulier, nous est d’une grande utilité. Dans la détresse ils ont continué à vivre selon l’enseignement du Maître. Quand la grâce nous abandonne, ou que nous ne la ressentons pas, nous devons continuer à vivre comme en présence du Christ et garder Ses enseignements, comme habité par cette grâce, car c’est alors que les paroles du Christ prennent tout leur sens[4] : « Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui, sans voir, croient ! »

p Laurent


[1] Apostiches, ton 2, Vêpres, Dimanche de Pâques

[2] Tropaire de Pâques

[3] Jn 20,21

[4] Archimandrite Zacharias, Le Christ, chemin de notre vie, Editions Apostolia, Paris, 2019, pag. 144